Des heurts ont éclaté, vendredi, à l’issue de la grande prière à Dakar et dans d’autres localités du pays après que les forces de l’ordre ont dispersé de nombreux jeunes qui tentaient de manifester contre le report annoncé de l’élection présidentielle du 25 février.
16 heures à Colobane et alentours. Cris des manifestants et bruits des lacrymogènes vont crescendo. Pneus brûlés, fumées noires, les yeux rouges des personnes qui larmoient à l’image d’un poisson après quelques jours hors mer, à cause de l’effet des lacrymogène campent le triste décor. Des policiers sur leurs points stratégiques dans chaque coin des lieux distillent leurs armes qui tonnent de partout. Un véritable mur se dresse au rond-point de Colobane. Pour accéder à la place de l’obélisque où devrait se tenir la manifestation pacifique, les voies sont impénétrables. Policiers et gendarmes, à perte de vue, prennent d’assaut les lieux avec tout un dispositif sécuritaire. Aux Hlm Fass, près de la place de la Nation, la tristesse et la peur ont élu domicile. Les anciennes constructions des immeubles ne bénéficient pas de grands portails, transformant les lieux en échappatoires pour les manifestants, obligeant les Fds à lancer ou à entrer dans ces lieux d’habitation. Ce qui frustrent les résidents. « Personne n’a le droit d’entrer dans nos concessions, ni citoyen lambda, ni policier », déplore Moussa, la trentaine révolue.
Calme plat
Maintenant 19h, ici, seuls les véhicules des Fds circulent sur la voie du Brt. S’attendre à des saccages, serait autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Des cris de mécontentement ne seront pas alors entendus ce soir du 9 février 2024 suite au report de l’élection présidentielle au 15 décembre prochain, car les manifestants ont véritablement des fils aux pattes. Les abords sont quasiment vides de monde. Hormis les forces de défense et de sécurité (Fds) bien équipées, aucune âme vive ne déambule ou ne gambade devant les lieux. Pour chasser ceux qui vaquent à leurs occupations journalières, les Fds n’y vont pas par quatre chemins. « Circulez » ou « passez par là-bas ». Ces propos, dits à la hâte et d’un ton dur, viennent des policiers, s’adressant aux passants qui débarrassent dare-dare le plancher. « Dem leen dem leen » (ndlr : allez-y allez-y), entend-on de la part des Fds. Cependant, d’aucuns d’entre eux ont le seum, et d’autres broient du noir. « Vraiment vous commencez à nous courir sur le haricot », lâche un vieux d’un regard luciférien, rayonnant dans son costume africain tout immaculé. Toutefois, des nuages de fumée sont encore visibles aux environs de Colobane. 19 heures 15 mn, l’atmosphère rayonne une lumière entre chien et loup, puis les manifestations s’évaporent avec la retraite du soleil.
Adama Ndiaye (Stagiaire)
Dans la cité du Rails, des pneus brûlés, la Promenade des Thiessois épargnée
A Thiès, l’appel de la société civile à manifester contre la décision du président de la République de reporter l’élection présidentielle du 25 février 2024, a été bien suivi par des jeunes à Thiès. Ce vendredi, quelques temps après la prière du vendredi, des groupes de jeunes ont voulu rallier la Promenade des Thiessois mais se sont heurtés aux forces de l’ordre. Il s’en est suivi une course poursuite à travers les grandes artères menant vers la Place de France. Ainsi les rues ont été obstruées par des pneus brûlés, des troncs d’arbres et autres poubelles jeté sur la chaussée par les manifestants. La police a réussi à les éloigner de ce point stratégique où se trouve l’essentiel des services de l’administration. Après quelques heures de heurtes et de grabuges, l’accalmie s’est installée aux abords de la Place de France mais les rues sont restées bloquées portant encore les stigmates de la furie des jeunes manifestants.
Mbaye SARR DIAKHATE
A Mbour, le Coordonnateur de l’ex-Pastef arrêté
C’est au environ de 20 heures qu’une source policière a fait état de l’arrestation de 8 membres du ex parti Pastef, dont son coordonnateur départemental Dr Mamadou Lamine Diaïté. Ils sont poursuivis pour participation à une manifestation non autorisée et troubles à l’ordre public. A Mbour, les manifestations, en début d’après-midi de ce vendredi, contre le report de la présidentielle ont perturbé la circulation. Après la grande prière du vendredi, plusieurs centaines de manifestants ont pris d’assaut les grandes artères de la capitale de la petite côte, pour brûler des pneus. Ainsi commencent des affrontements entre forces de défense et de sécurité et manifestants. Les échauffourées ont duré jusque dans la nuit. Parmi les dégâts matériels, la station Shell, du rond-point Mamadou Diop de Mbour a été saccagée. Cet après-midi, le commerce, le transport et plusieurs autres services ont été à l’arrêt dans la ville de Mbour.
Diegane DIOUF
Tivaouane, face-à-face entre forces de l’ordre et manifestants
La cité religieuse de Tivaouane n’a pas été en reste dans le respect du mot lancé jeudi par la plateforme Aar Sunu élection. Après le débrayage noté dans la matinée dans une bonne partie des écoles, des populations composées de partis politiques et de la société civile sont descendus sur le terrain aux environs de 15 heures 30 minutes. Des manifestations ont eu lieu entre monument et le rond-point carrefour marquées par des slogans allant dans le sens du respect du calendrier électoral avec la tenue de l’élection présidentielle le 25 février prochain. Une manifestation qui a dégénéré quand des manifestants ont voulu s’en prendre à la station totale située au niveau du rond-point carrefour, pour certainement se procurer de l’essence. Des pneus ont été brulés par les manifestants, créant du coup un nuage noirâtre de fumée qui couvrant le ciel du centre-ville de la cité religieuse de Tivaouane. Des échanges entre jets de pierres et grenades lacrymogène ont rythmé pendant un bon bout de temps, le face-à-face entre forces de l’ordre et manifestants. Les forces de police ont fini par repousser les manifestants qui se sont dispersés. Comme bilan on a signalé une interpellation du côté des manifestants et un policier blessé qui aurait reçu une pierre sur le visage.
Ibrahima NDIAYE
A Ziguinchor, c’est vers 10 heures que des perturbations ont été notées dans certains établissements, avec le débrayage à la demande des syndicats d’enseignants. Dans l’après-midi, d’hier, peu avant la prière de 14 heures, les Forces de défense et de sécurité, notamment les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) ont commencé à prendre les dispositions afin d’assurer leur rôle de maintien de l’ordre. Vers 13 heures, plusieurs véhicules de la police sont stationnés devant le commissariat central. Des agents chargent des caisses de grenades lacrymogènes. Avant 15 heures, heure fixée pour la mobilisation à la place Bambaya de Peyrissac, les éléments de la police anti-émeute ont assiégé ledit lieu pour éviter qu’il y ait un quelconque rassemblement.
Après la prière, les manifestants ont essayé de s’y rendre. Ils se heurtent finalement au cordon de sécurité. Déterminés, ces jeunes contournent le dispositif sécuritaire et réussissent à brûler des pneus dans plusieurs rues de la capitale régionale du Sud. Certains axes ont été barrés. Le trafic est fortement perturbé. C’est le cas au boulevard des 54 mètres, à hauteur du camp colonel Georges Boissy et la route des Hlm Néma qui mène à la pharmacie. Les hostilités ont duré plusieurs minutes. Vers 20 heures, le calme est revenu dans la commune même si on note encore quelques mouvements sporadiques.
Gaustin DIATTA
Source : https://lesoleil.sn/report-annonce-de-la-president...